Comme dans plusieurs secteurs de la vie sociale, nommer une réalité n’est pas un geste neutre. Surtout si cette réalité est difficile à assumer de façon collective. Et c’est le cas avec la problématique de la santé mentale. Du terme maladie mentale qui était couramment utilisé pour identifier une personne aux prises avec certaines difficultés de santé « non physiques », nous sommes passés, voici une décennie, au terme « santé mentale ». Si bien qu’aujourd’hui nous parlons de problèmes ou de troubles de santé mentale, graves et persistants ou bien transitoires, pour désigner une réalité humaine difficile et encore teintée de croyances, de préjugés, de stéréotypes qui enferment les personnes dans une souffrance encore plus grande : celle du silence et du rejet. Le terme santé mentale est une expression porteuse d’espoir bien que ce générique noie dans une seule expression différents degrés d’atteinte. La personne souffrant d’un trouble de santé mentale peut, selon les promoteurs de cette expression, prendre davantage sa vie en main et s’impliquer activement dans son processus de guérison.
Le terme « maladie mentale » n’est toutefois pas à rejeter complètement. En utilisant le mot maladie pour désigner les troubles de santé mentale, ils sont ainsi placés au même niveau que des maux mieux acceptés socialement comme les maladies coronariennes ou le diabète. Cette parenté entre les deux problématiques fait ressortir la nécessité d’accorder à la santé mentale des ressources comparables à celles de la santé en général.