Qu’est-ce que la trichotillomanie et la dermatillomanie? (Par Marie-Christine Dion) 

La trichotillomanie est aussi connue sous le nom d’arrachage compulsif de ses propres cheveux. Cela est répertoriée dans le DSM-5 (Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux) sous la catégorie des troubles obsessionnels-compulsifs et apparentés.

Cette problématique se définie en 5 points :

  • Arrachage répété de ses propres cheveux aboutissant à une perte de cheveux;
  • Tentatives répétées de réduire ou d’arrêter l’arrachage des cheveux;
  • L’arrachage de cheveux entraîne une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants;
  • L’arrachage de cheveux ou la perte de cheveux n’est pas imputable à une autre affection médicale (p. ex. une affection dermatologique);
  • L’arrachage de cheveux n’est pas mieux expliqué par les symptômes d’un autre trouble mental (p.ex. les tentatives d’atténuer un défaut ou une imperfection perçus dans l’obsession d’une dysmorphie corporelle[1].

(DSM-5, 2013)

De ce trouble, deux variantes peuvent coexister ou se succéder chez une même personne :

  • Une forme « centrée sur le geste » où l’arrachage est un besoin impérieux qui sera effectivement suivi d’un sentiment d’apaisement ou de culpabilité.
  • Une forme automatique, au cours de laquelle l’arrachage n’est pas prémédité, ni même conscient. Il n’entraine pas de sentiment de satisfaction ni de soulagement, mais se fait de façon automatique, par exemple devant la télévision ou dans une salle de classe.

(Passeportsante.net, 2017)

Et la prévalence de cette problématique ?

Il est difficile d’en connaître la prévalence exacte compte tenu que cette problématique n’est pas ouvertement discutée et que les personnes qui en souffrent ne consulteront pas nécessairement que pour cela. Cependant, il est estimé que de 2 à 5% de la population générale en souffrirait (The TLC Foundation for body-focused repetitive behaviors, 2016). Pour la dermatillomanie, le pourcentage serait de 5%. Ces désordres d’habitudes seraient un peu plus fréquents chez les gens souffrant d’un TOC ou d’un syndrome de Gilles de la Tourette.

La dermatillomanie ou triturage pathologique de la peau est également répertoriée dans le DSM-5 :

  • Triturage répété de la peau aboutissant à des lésions cutanées;
  • Tentatives répétées pour diminuer ou arrêter le triturage de la peau;
  • Le triturage de la peau entraîne une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants;
  • Le triturage de la peau n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. cocaïne) ou d’une autre affection médicale (p.ex. gale);
  • Le triturage de la peau n’est pas mieux expliqué par des symptômes d’un autre trouble mental (p. ex. idées délirantes ou hallucinations tactiles dans un trouble psychotique, tentatives d’atténuer un défaut ou une imperfection perçus dans l’obsession d’une dysmorphie corporelle, stéréotypies dans les mouvements stéréotypés, ou intention de se faire du mal dans les lésions auto-infligées non suicidaires.).

(DSM-5, 2013)

La trichotillomanie et la dermatillomanie sont aussi reconnues comme étant des comportements répétitifs centrés sur le corps ou des désordres d’habitudes. Ils sont les plus connus et répandues, mais ne sont pas seuls dans leur catégorie. En effet, nous pouvons penser également à l’onychophagie ou l’acte de se ronger, à l’onychotillomanie (se déchirer les ongles), au mordillage de l’intérieur des joues, de la langue ou des lèvres. Ces désordres se retrouve alors dans le DSM-5 sous la catégorie Autre trouble obsessionnel-compulsif ou apparenté spécifié.

Quels sont les traitements possibles pour ces problématiques?

À ce jour, la psychothérapie, mais plus particulièrement la thérapie cognitivo-comportementale est reconnue comme étant le traitement le plus efficace afin d’apprendre à contrôler ces manies. La technique « renversement d’une habitude » est couramment employée. En résumant très brièvement, cela consiste à faire un geste avec la main (ex; serrer le poing tout en respirant profondément) dès que le besoin de gratter ou d’arracher survient. Cet apprentissage peut être très long et un suivi avec un professionnel pourra soutenir la personne tout au long de l’évolution du désordre.

Pour ce qui est de la médication, elle n’est pas reconnue pour traiter le désordre en soi, mais plutôt pour atténuer certaines sensations ou sentiments liés à l’action. Une petite exception toutefois avec la clomipramine, un antidépresseur qui a prouvé une efficacité pour traiter la trichotillomanie (PasseportSanté.net). De manière plus générale, la médication sera utilisée pour traiter les symptômes d’anxiété et de dépression présents chez la personne aux prises avec les désordres d’habitudes.

Si un de vos proches souffre de cette problématique, il est important d’offrir un soutien empathique. N’hésitez donc pas à vous renseigner plus en profondeur afin de mieux vous outiller dans ce rôle.

 

[1] L’obsession d’une dysmorphie corporelle est une préoccupation intense par une imperfection ou défaut physique qui est peu apparent pour l’entourage, mais qui provoque une détresse chez la personne.